De Nuit

L'impression d'attendre quelque chose pour lequel on est prèt et qui ne viens pas.

L'impression d'avoir un problème sans parvenir à le formuler correctement et dans le même temps se dire qu'il n'y a pas de solution.

L'impression de ne pas avoir toutes les clés en main et d'attendre que celui ou celle qui a les clés manquantes se pointe. Savoir qu'il n'y a rien à faire pour hâter les choses.

L'ennui c'est de la rage à l'envers : l'envie de crier, de hurler son impatience, son mécontentement,son ras le bol de cette finitude, de cette médiocrité, de cette répétitivité des situations, des rencontres et de cette similarité des gens dans laquelle on ne se retrouve jamais mais contenir cette râge et la transformer en une forme d'inertie passive parce qu'on sait que "ça ne sert à rien de crier"... même si souvent ça soulage.

L'ennui c'est cette solitude que l'on s'est créé pour se protéger des incompréhenssion, des autres et parfois de tout le mal que l'on peut se faire à soi même. C'est un long silence comme ceux qui précedent l'orage mais l'orage ne viens jamais.

L'ennui c'est une envie frustrée, un désir inassouvi, un sentiment que "tout est possible", une conviction que  "le meilleur reste à venir" mais que ça ne se traduise pas dans les faits.

L'ennui c'est quand on a cessé d'attendre et que l'on se retrouve toujours au même point.

L'ennui c'est quand on a plus envie d'en rire et peut-être pas encore la folie de se battre.

Parfois je passe des nuits entière à regarder des films.

En dehors du fait que je n'ai tout simplement pas envie de sombrer dans le sommeil (en plus de dormir) parce que j'ai un gout de trop peu, l'image qui me vient à l'esprit est celle d'une immense librairie dans laquelle je parcours des tas de livre, les uns après les autres, comme à la recherche d'une réponse ou du moins de la bonne question. Alors qu'une partie de moi sait très bien que la réponse ne s'y trouve pas.

Pourtant je m'accroche à cet espoir vain dans la mesure ou je ne sais vraiment pas ou chercher ailleurs.

La réponse n'est définitivement pas dans les films, c'est une certitude. Je crois que les questions et les réponses sont en moi. Mais c'est comme si tout étais entremelé et je suis incapable de trouver la moindre aspérité par ou aborder le problème.

Ces films ont souvent un pouvoir de catalyseur. Je me laisse aller à verser quelques larmes de tristesse ou de joie. Je m'identifie au héros et les émotions me submergent et la fatigue aidant, je me laisse aller et ça me fait un bien fou. Ces moments de laisser aller sont vraiment rares. trop rares.

Je crois que c'est aussi une fuite, un moyen de faire passer le temps, de me déconnecter. Ce sont des moments pendant lesquels je me concentre sur autre chose ou plutôt des moments ou j'arrete de penser et ça me fait vraiment beaucoup de bien et comme ces moments sont rares, ils sont précieux et du coup j'ai tendance à vouloir prolonger ces moments et plutôt que de regarder un seul film, j'en regarde 2 ou 3 ou plus, sans interruptions.

Quand le soleil est loin et que la lune se fait attendre, dans cette ombre lourde, des profondeurs marécageuses de mon esprit surgissent mes monstres.

Mes monstres sont mes doutes et chaque nuit il me faut me battre avec eux.

Ils m'assaillent jusqu'a me faire douter de leur réalité même, de la réalité de mes perceptions et de l'avenue d'un autre jour.

Lorsqu'ils m'ont suffisament usé, que je suis au bord du gouffre, lorsque je n'ai plus de force et que le courage m'abandonne, une certitude me permet de reprendre le dessus : ma bonne étoile veille sur moi.

Et tel un croisé, j'avance, confiant et apaisé.

Un autre jour se lève

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